Dix Préludes « A la mémoire d’un ami disparu » (1975)

Dix Préludes « A la mémoire d’un ami disparu » (1975)
Cette oeuvre pour piano est dédicacée à la mémoire de Frank Martin.
Composée en 1975, elle était déjà interprétée par Charles Dobler lors de sa création au Conservatoire de Genève. L’enregistrement date du 18 janvier 1979 au studio de la radio à Bâle.
« J’ai toujours considéré la musique comme un langage, une expression exacte et directe des sentiments ou des états d’âme. Pour ces 10 Préludes, j’espère que l’auditeur, à travers ces pages de caractères et d’expressions diverses, sera conduit du Lento initial à l’Andante final qui en est l’écho (mais un écho transfiguré par une conclusion lumineuse), et qu’il percevra par delà le monde sonore, un poème que j’aurais ainsi écrit, si j’étais poète…
La musique dit plus que tout ce que j’ai écrit plus bas. Elle contient davantage; comme toujours elle commence où les mots s’arrêtent. J’avais néanmoins besoin de préciser le contenu exprimé dans ces pages, car c’est ce que je ressens quand je les joue…
En les composant, j’ai été envahi d’une façon extraordinaire par le sentiment d’amitié qui m’a uni à Frank Martin. J’ai été très proche de cet ami, et parfois je m’entretiens avec lui, malgré la distance infinie qui sépare maintenant nos deux mondes.
– 1. L’horloge rappelle que le temps passe; les souvenirs remontent à la surface. Oh! nostalgie du temps d’autrefois, d’hier encore… – 2. Au fond de l’être, un sentiment de paix, d’amitié simple, de bonheur et d’amabilité. – 3. Souvenirs de beaux jours, lumières et ombres. – 4. De grands espaces, un horizon vaste, désirs et angoisses. – 5. Scherzo: toutes sortes d’esprits de la nuit, du soir, de l’aube, se pressent… – 6. Chant funèbre; il faut accepter, il faut accompagner l’ami dans son dernier voyage, il le faut… Dieu ! Donne-moi la force d’accepter, de dire oui. – 7. Malgré tout, un chant d’espoir, non sans amertume, non sans regret.. Une lumière apparaît, mais encore un trouble au fond du cœur. – 8. Les pensées tumultueuses reviennent à la surface, envahissent l’être. Révolte, dureté, rage! Où est le soleil? Où est le bonheur? La victoire semble être proche… Mais le fait est là, lourd, dur. – 9. Retrouvons l’équilibre, l’ordre; la vie, enrichie par les luttes intérieures, bondit, s’écoule avec force, énergie; elle s’impose, sourdement, violemment, avec une puissance où apparaît la joie. – 10. C’est vrai: les heures, les jours, les mois se suivent, il y a eu cette beauté… Mais il y a ensuite une résurrection, une victoire, une lumière inondant toutes choses. » Bernard Reichel